La contribution des femmes à l’agriculture paysanne dans les pays en développement reste cruciale dans l’économie locale : elles produisent 60 à 80 % des aliments et sont en charge de la moitié de la production alimentaire mondiale (Oxfam, 2018).
Néanmoins, elles n’ont encore qu’un accès limité aux ressources et services indispensables et doivent faire face à de nombreux obstacles socio-culturels, économiques et politiques.
Leur accès à la terre, au crédit, aux intrants agricoles, à la recherche et aux techniques, et aux services d’éducation est très limité d’autant qu’elles restent marginalisées des instances de décisions. À mesure que la planète se réchauffe et que les pluies se raréfient, les femmes sont souvent le plus touchées, car ce sont elles qui ont la responsabilité de trouver l’eau, la nourriture et le combustible pour la famille. Elles passent de plus en plus de temps à se procurer des ressources toujours plus rares.
Par ailleurs, d’ici 2030, le prix moyen des denrées de base (riz, maïs, blé) pourrait plus que doubler par rapport aux prix de 2010 et la moitié de cette hausse serait attribuable au changement climatique (FAO, 2018).
Les populations les plus pauvres sont particulièrement vulnérables à ces fluctuations des prix car elles consacrent jusqu’à 80 % de leur revenu à l’alimentation (ibid.).
Les dernières décennies sont marquées par ce paradoxe : ceux qui nourrissent la planète comptent précisément parmi ceux qui souffrent de la faim.
La FAO estime que si les femmes avaient autant accès aux ressources et aux opportunités que les hommes, elles pourraient augmenter leur production de 30 %, ce qui pourrait permettre de réduire le nombre de personnes souffrant de la faim de plus de 150 millions (FAO, 2010). De fait, les femmes représentent une ressource précieuse dans l’adaptation au changement climatique au car elles ont souvent une expertise en matière de semences et cultures, et de gestion des ressources naturelles. Leur capacité de résilience et leur qualification sur les pratiques agro-écologiques constituent un atout précieux à renforcer et soutenir.
En outre, aujourd’hui encore plus qu’hier, la sécurité énergétique, la sécurité alimentaire et la sécurité en eau sont inextricablement liés et les actions dans un des secteurs auront probablement des impacts dans l'un ou les deux autres secteurs.
D’une part, le Quatrième rapport d’évaluation (AR4) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) projette qu’en 2020, entre 75 et 200 millions de personnes subiront un stress hydrique en raison du changement climatique en Afrique.
Le rapport estime que certains pays africains pourraient être confrontés à une baisse de 50 % des récoltes en raison du changement et de la variabilité climatiques. Une réduction de la production affectera sans doute les moyens de subsistance dans les zones rurales et renforcera la vulnérabilité des femmes.
D’autre part, en Afrique Subsaharienne, à l’aube de la 2ème décennie du XXIème, force est de constater que le secteur agricole reste le parent pauvre de l’énergie et des équipements énergétiques. Alors que 50 à 75 % de la population active africaine vit de l’activité agricole, elle se trouve toujours confrontée à l’épineuse question de la mécanisation du travail de la terre.
Cette situation globalement critique fait indéniablement partie des principales causes des situations d’insécurité alimentaire, de la faible espérance de vie qui subsistent dans le milieu rural africain.
Dans le contexte actuel de dérèglement climatique, le développement agricole devient de plus en plus tributaire de la maîtrise de l’irrigation des cultures. Quel que soit le modèle d’irrigation, le système d’aspiration et de refoulement nécessite une puissance mécanique dont le fonctionnement recourt à une énergie.
L’accès à l’énergie est par ailleurs, au cœur des enjeux de conservation primaire et de transformation post-récolte des produits. Faut-il ajouter à la liste la question des transports des produits, la chaine de commercialisation, l’accès au marché…
« Humanité et Développement » travaille actuellement sur un nouveau programme avec l’ambition de renforcer les réseaux de solidarité des femmes en milieu rural à travers la trilogie : sécurité énergétique, sécurité de l’eau, sécurité alimentaire.
Objectif : Contribuer au renforcement de la résilience des femmes face aux menaces d’insécurité alimentaire par des activités de maraichage.
Organisations paysannes féminines, groupements de femmes, ces réseaux constituent un filet de sécurité considérable pendant les périodes de soudure dans les zones rurales et renforcent la résilience des femmes, des ménages, des enfants face aux menaces d’insécurité alimentaire.
Narcisse KOUEDJIN, « Humanité et Développement », 2020